Retour sur l’édito : À Guilers, cette collection d’un fan de Johnny, elle est terrible

Avec ses huit tatouages hommages au chanteur, le doute n’est plus permis : Pascal Faou a Johnny Hallyday dans la peau. Il l’a même sur la dent d’ailleurs : « Un copain dentiste brestois a gravé les initiales J. H. sur une molaire qu’il a réussi à réparer », sourit le Guilérien, pour montrer la prouesse du soignant fraiseur et sa satisfaction de posséder aussi cette pièce unique, parmi les milliers d’un inventaire, comment dire, rock’n’roll.

« J’ai plus de 300 t-shirts, plus de 50 blousons ou sweats, 2 300 cartes postales, 300 pin’s… », liste l’homme en parcourant du regard un appartement où s’affiche, sur la moindre surface, sa passion. On y découvre aussi des photos, des disques d’or – « des deux derniers albums » -, des casquettes, une table de bar, des tabourets, des verres, un coffret piano, du rosé, du chocolat, des jeux de Monopoly, des chaussons, des chaussures Crocs… Tous portant la signature ou le visage de Johnny.

« Rien à jeter »

Et des disques à profusion, bien entendu : « Mon frère m’a donné les 45-tours que possédait mon père. C’est lui qui me les faisait écouter quand j’étais môme. Je suis fan de Johnny depuis que j’ai sept-huit ans », rembobine l’enfant de Recouvrance, hanitant Guilers depuis 1976 où, aujourd’hui, âgé de 59 ans, il est connu comme le loup blanc qui orne parfois les t-shirts de la star. « Pourquoi je suis fan ? J’aime le personnage, son état d’esprit et sa musique, évidemment. Plus de 1 000 chansons. Aucune à jeter. Ses shows sur scène ! J’ai assisté à plus de 50 concerts. »

Souvent au premier rang. Il y sera encore, jeudi prochain, dans la salle du ciné Pathé-Capucins, à Brest, qui projettera le concert du Parc des Princes 93 à pleins tubes. « Pour marquer les 80 ans de la naissance de Johnny. » Une idole que Pascal Faou n’a jamais rencontrée personnellement. Ça a bien failli pourtant : « Je me suis retrouvé parmi un groupe de 200 fans, à 15 mètres de lui, en 2009, alors qu’il répétait au Stade de France. Ça fait drôle ».

Fidèle de Saint-Barth’

Le Finistérien est passé tout près d’un autre moment fort en émotion autour de la tombe de Johnny Hallyday, à Saint-Barthélémy, en 2021. Quelqu’un avait invité l’assistance réunie autour de la sépulture à passer à la villa Jade où Laëticia Hallyday se faisait une joie de recevoir toute cette sollicitude sincère pour son défunt rockeur de mari. « Je n’avais pas de voiture. Je n’ai pas osé demander si quelqu’un avait de la place », regrette le Guilérien, soucieux de ne pas se montrer envahissant.

De toute façon, il retournera à Saint-Barth’: « L’an prochain. En 2027 aussi, pour les dix ans de sa mort ». Sur cette île paradisiaque (dont il a tatoué la carte avec l’emplacement de la tombe de Johnny indiquée façon trésor), après quatre voyages, il devient une sympathique figure presque aussi familière qu’à Guilers. Dans le milieu des fans, en tout cas. « J’avais laissé un cœur bleu en verre sur la tombe. Il y est resté trois ans », signale-t-il fièrement.

Amour né dans la rue

Le prix du voyage aller-retour vers l’île huppée des Caraïbes nécessite des efforts de provisions considérables pour ce salarié du secteur légumier. Pascal l’assume : « S’il faut faire un crédit… On n’a qu’une vie. » Une vie qu’il partage avec Armelle. Pas de problème concernant la lubie de son compagnon. Leur amour est né dans la rue. « On s’est rencontrés à la foire Saint-Mich’. Elle vendait des articles de Johnny. Je lui ai tout acheté ! » Ça crée des liens.

L’incendie de la maison molénaise du président du fan-club breton de Johnny Hallyday, Erwan Masson, et la perte d’une inestimable collection d’objets ayant appartenu au rocker, a touché le Guilérien. « Est-ce que j’ai plus de pièces que lui en possédait ? J’en sais rien. Qu’est-ce que ça peut faire du reste ? Ce n’est pas un concours, c’est un plaisir. Moi, je me sens bien au milieu de tout ça ».

Chaque semaine, souvent via les sites de vente en ligne, il déniche une nouvelle pièce qui comblera ses murs et lui de joie. « L’objet ultime ? (il réfléchit) La bouteille d’huile d’olive Lorada, fabriquée dans sa propriété (de Ramatuelle, NDLR). Il paraît qu’il n’en existe que deux exemplaires ».

« Et puis, moi, j’ai un truc qu’on n’a pas ailleurs… Je ne dirai pas quoi. Tu mets bien dans ton article que mon appart’est sous alarme, hein ? » Pendant que l’on suit l’attachant Finistérien dans la visite de son incroyable repaire, deux chiens témoignent de temps en temps leur impatience derrière la porte de la chambre. Deux yorkshires : « Un avec du pedigree. Il s’appelle Nona ». Rapport avec Johnny ? « Aucun, j’ai pas eu le choix ». Et l’autre, son prénom ? Un petit indice, ça commence par un J…