Nous allons porter à votre connaissance cet éditorial qui vient d’être publié, dont le thème est «voitures de collection».
Le titre troublant (En 1911, bien avant la PJ, la brigade du Tigre investit Montpellier) est évocateur.
Annoncé sous la signature «d’anonymat
», le rédacteur est connu et fiable pour plusieurs autres articles qu’il a publiés sur internet.
Il n’y a pas de raison de ne pas croire du sérieux de ces infos.
L’encart a été divulgué à une date notée 2022-10-29 02:31:00.
Alors que les Services régionaux de police judiciaire (SRPJ) sont menacés de disparaître avec la réforme en cours de la PJ, retour sur l’histoire de cette police voulue par Clemenceau, et créée en 1911 à Montpellier.
Trois commissaires, dix inspecteurs, un téléphone, un télégraphe, deux machines à écrire et une voiture : en septembre 1911 s’installe à Montpellier, dans un immeuble du 41 Faubourg Saint-Jaumes, près du Jardin des Plantes, la 14e brigade régionale de police mobile. Les premières de ces brigades spécialisées ont été créées en 1907 par Georges Clemenceau, président du Conseil et surnommé le Tigre pour sa férocité politique, dans une France qui bouillonne.
L’époque est rude, marquée par l’affaire Dreyfus, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, la révolte viticole du Midi, les attentats anarchistes, et la flambée de la criminalité, avec des bandes qui arpentent les campagnes, et attaquent les familles à leur domicile. En face, la police est démunie, organisée en commissariats locaux sans contacts entre eux.
En février 1907, lors du premier débat de l’histoire parlementaire consacré à l’insécurité, Clemenceau annonce la création d’une nouvelle police exclusivement judiciaire, dévolue à « la capture des malfaiteurs. » A leur tête, Jules Sébille, alors chef du contre-espionnage, et qui s’illustrera en 1917 en arrêtant l’espionne Mata Hari. Surnommé le Puritain, Sébille impose une discipline de fer à ses « Mobilards », disponibles 24 h sur 24, et révocables dans la journée en cas de manquement. Les douze premières brigades sont opérationnelles en1908, celle de Montpellier fait partie d’une deuxième vague, en 1911, avec Rennes et Nancy.
Une arme fatale : l’automobile
À Montpellier, la 14 e a un vaste territoire à couvrir : Hérault, Gard, Aude, Pyrénées-Orientales, Aveyron et Lozère. Elle va pour cela disposer d’une arme fatale : l’automobile. La France est alors à la pointe : en 1901, lors du premier Salon de l’Auto, notre pays totalise la moitié des voitures roulant dans le monde.
Le 27 octobre 1911 arrive en garde de Montpellier, « sous bâche et en petite vitesse » la De Dion-Bouton modèle « Double Phaeton » immatriculée 9097, qui est la quatrième voiture de police de France, après celles affectées à Paris, Lyon et Caen.
Elle est confiée à « l’inspecteur-chauffeur » désigné, et qui bénéficie pour faire tourner la mécanique d’une « indemnité mensuelle d’entretien de 15 F ».
Julien Maurel, 23 ans, né à Aimargues, sera le chauffeur de la Brigade du Tigre pendant plus de dix ans: il aura en main dès l’année suivante une Panhard-Levassor, au moteur de 24 CV, issue d’un marché passé entre la police et le constructeur prévoyant que le véhicule pouvait « sans échauffement nuisible » atteindre « en palier au moins la vitesse de 75 km/h » avec une consommation « inférieure à 25 litres de carburant par cent kilomètres. »
La première affaire résolue par la brigade du Tigre de Montpellier est à l’image de cette France encore très rurale : informés par un télégramme le 11 octobre 1911 du vol de « onze brebis d’âge différent, blanches, oreilles gauches fendues » dans les hauts cantons de l’Hérault, les Mobilards retrouvent le troupeau douze jours plus tard au marché de Castelnau-le-Lez, à côté de Montpelier. Le voleur, un berger, écope de deux mois de prison.
550 personnes arrêtées en 1912
Mais la brigade se confronte vite à la criminalité du Midi, avec une quarantaine d’arrestations par mois. Le premier meurtrier, un ouvrier agricole de 43 ans est arrêté le 25 décembre 1911, près d’Agde, pour avoir dépouillé de sa montre un Tarnais de 65 ans, rencontré dans un bar de Béziers, et retrouvé tué de deux coups de revolver dans un champ. Le meurtrier sera condamné à dix ans de prison.
En 1912, la Brigade du Tigre arrêtera 550 personnes, dont deux meurtriers, 280 voleurs, et 26 pour « excitation de mineurs à la débauche et traite des blanches. »
Cette année-là, la 14e se lance aussi sur les traces de la bande à Bonnot, un ouvrier mécanicien anarchiste qui fut en Angleterre le chauffeur d’Arthur Conan Doyle, l’auteur de Sherlock Holmes. Jules Bonnot est l’auteur du premier hold-up commis en voiture, le 21 décembre 1911, rue Ordener à Paris. Il va ensuite multiplier avec ses complices des attaques sanglantes, faisant sept morts et douze blessés. Dans sa bande, on trouve un Catalan, Elie Monier, dit Estagel, qui finira guillotiné, et des comparses dans les milieux anarchistes d’Alès et de Nîmes, que la brigade va traquer jusqu’à la mort de Bonnot, le 28 avril 1912 à Choisy-le-Roi.
A partir de 1913, ils arrêtent dans le milieu des vanniers, comme on désignait alors les gitans, les suspects du meurtre d’un gendarme à Lunel, se lancent dans une enquête sur des proxénètes qui convoient des prostituées par ferry depuis Port-Vendres dans les bordels d’Alger, où cherchent les fumeries d’opium à Montpellier, et des trafiquants de cocaïne à Perpignan. Et en 1925, ils arrêtent une tueuse en série, Bernadette Scierri, qui avait empoisonné six personnes à Saint-Gilles : des activités finalement très proches de celles de leurs successeurs, plus d’un siècle plus tard, à la PJ de Montpellier.
Des super flics triés sur le volet
L’exigence demandée pour faire partie des Brigades du Tigre a très vite attiré des candidats avides d’action et de justice. Le 18 juillet 1911, un décret fixe les conditions à remplir pour être inspecteur de police mobile. Il faut être âgé de 20 à 30 ans, avoir rempli ses obligations militaires, « être de constitution robuste permettant de faire un service actif de jour comme de nuit ».
Ensuite, il faut passer avec succès le concours, qui prévoit une dictée, une épreuve de géographie, être incollable sur la carte des chemins de fer, et surtout passer avec succès une épreuve presque pratique : les candidats doivent rédiger en deux heures un rapport d’enquête sur un crime, un délit ou un accident. Autre particularité : l’épreuve de langues étrangères, qui peut aussi se passer dans « quatre dialectes » : le basque, le catalan, le breton ou le flamand. Enfin une enquête est menée sur « la moralité et les aptitudes » des candidats, qui doivent être avalisées par le ministère de l’Intérieur.
Pour la seule brigade de Montpellier, on trouve la trace de plus de 150 candidats refusés entre 1911 et 1918. Le salaire de 150 F par mois est plutôt attractif pour l’époque, mais les conditions de travail sont rudes : deux inspecteurs se relaient en permanence, de jour comme de nuit, pour répondre au téléphone de jour comme de nuit. Les autres disposent d’une carte de chemin de fer, mais doivent voyager en troisième classe, car c’est là, insiste Jules Sébille, que se trouvent les criminels. On compte un vélo et une arme pour six hommes.En 1921, une note de service constate que la Brigade de Montpellier n’a que quatre revolvers, et propose aux policiers d’acheter à titre privé des Browning 6.35 à 87 F pièce, avec 198 F pour 1 000 cartouches : 14 des 22 hommes que compte alors la brigade passent commande. À l’image de la police de l’époque, qui cherche à se moderniser et à se rationaliser, les Brigades du Tigre vont beaucoup pratiquer le fichage, les relevés d’empreintes, y compris d’enfants, dans ce qu’on appelle alors « les populations flottantes : vagabonds, nomades ou romanichels ».
L’une des descendantes du premier commissaire de la 14e brigade du Tigre, Antoine Degoutte, a raconté « qu’à cette époque à Montpellier, il y avait souvent des coups de feu, et qu’il était rentré un soir couvert de sang. » Le commissaire Degoutte a rédigé des mémoires, sur la suite de sa carrière à Lyon, dans laquelle on trouve cette conclusion lourde de sens : « Dans les affaires de police, la réalité est toujours pire que ce qu’on pourrait imaginer. »
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