A voir cette parution : Lot-et-Garonne : la bouleversante histoire racontée par Jean-Luc, ancien malade alcoolique

Notre équipe vient de découvrir cet article sur la thématique « voitures de collection ». Avec plaisir nous vous en offrons l’essentiel dans cette publication.

Son titre (Lot-et-Garonne : la bouleversante histoire racontée par Jean-Luc, ancien malade alcoolique) récapitule tout le post.

Le rédacteur (annoncé sous le nom d’anonymat
) est positivement connu pour plusieurs autres articles qu’il a publiés sur internet.

Vous pouvez de ce fait faire confiance à cette parution.

l’essentiel
Jean-Luc Alonso, 65 ans, a été malade alcoolique. Layracais, il est aujourd’hui vice-président de l’association lot-et-garonnaise des Amis de la santé. En 2016, il a écrit une histoire, son histoire. Émouvante, elle vous prend aux tripes.

Qu’elles soient belles ou simples, les rencontres sont-elles le pur fruit du hasard ou sont-elles écrites dans le temps, gravées et programmées sur le disque dur de notre histoire ?
Moi, Jean-Luc, malade alcoolique, matricule 1 57 11 32 001 833 65, vais vous raconter une rencontre improbable s’il en est, et assurément surprenante qui rend la question légitime.
Parmi les souvenirs de mon enfance, il y en a un plus précis que les autres. Celui-ci remonte aux années « 60 », si ma mémoire ne me fait pas défaut.
Une fois par semaine – je ne me rappelle pas le jour exact, mais cela devait être le jeudi, car à l’époque, il n’y avait pas école ce jour-là (jour de repos qui a été changé pour le mercredi beaucoup plus tard), et je me trouvais donc chez moi à l’heure du déjeuner – une fois par semaine, donc, vers les 12 h 30, passait devant chez moi un attelage des plus étranges.
Celui-ci était formé d’une remorque – composée elle-même d’une caisse en bois fixée sur un essieu de voiture – tractée par un âne au poil grisonnant qui, me semble-t-il, affichait un air triste au
possible.

« Peut-être la prochaine fois… »

Aux commandes de cette charrette atypique, un homme adulte ; assis à ses côtés, un enfant un peu plus âgé que moi. Ils faisaient pour moi le plus beau métier du monde. En effet, ils passaient de foyer en foyer pour ramasser des cartons usagés et des peaux de lapin – qui devaient servir, je pense, à la confection de beaux et chauds manteaux. On appelait cet homme le peyarot (« chiffonnier », en patois).
Il annonçait son arrivée par plusieurs coups de corne de brume et dès que j’entendais retentir le signal, je sautais de ma chaise et courais sur le balcon de la maison pour voir ce qui, à mes yeux d’enfant, constituait le spectacle le plus formidable et le plus magique qu’on puisse imaginer. Quelle chance avait ce garçon d’être assis aux côtés de cet homme ! Pourquoi lui et pas moi ? Quelle injustice ! Si seulement il avait pu être mon copain… Il aurait pu m’inviter pour être à ses côtés, pour participer à ces voyages et ces aventures ! Chaque fois, en les voyant s’éloigner, la tristesse m’envahissait et je me disais : « peut-être la prochaine fois… »
Le temps passa. Le jeune garçon ne fut jamais mon camarade. Les années passèrent. Je grandis dans une famille formidable. Mes parents, ainsi que ma sœur, âgée de 9 ans de plus que moi, me donnèrent tout leur amour. Une adolescence heureuse. 16 ans, le monde du travail, l’arrivée dans la vie active.

« Je serais important moi aussi, et serais sans doute comme lui »

À l’époque, en 1975, on trouvait facilement une place : cette année-là, j’embauchai comme magasinier dans une grosse société qui s’appelait « La Ruche Méridionale », qui possédait plusieurs hypermarchés, supermarchés et épiceries. J’y suis resté 20 années.
Travaillant dans les entrepôts du siège social, je voyais assez souvent le PDG, les actionnaires et cadres supérieurs – le staff de la société. Mais il y en avait un que je regardais plus que les autres – ne me demandez pas pourquoi. Je me rappelle juste que celui-là était en costume et pardessus.
Il portait un manteau en velours bleu qui lui descendait jusqu’aux mollets, et chaque fois que je le voyais, je me disais : « Si seulement je pouvais le connaître, être à ses côtés… J’aurais une belle promotion, je serais important moi aussi, et serais sans doute comme lui. » Mais à nouveau, le temps passa. Je ne l’ai pas connu, je ne suis pas devenu important comme lui.

« La maladie, la descente aux enfers, l’envie de mourir »

Dans les années 80, dit-on les plus belles, je me suis marié. De cette union, j’ai eu deux enfants magnifiques, deux diamants. Le bonheur de les voir grandir aurait dû m’occuper tout entier, mais l’alcool a tout gâché. La maladie, la descente aux enfers, l’envie de mourir. Puis l’hospitalisation, le sevrage qui a marché. Merci à toute ma famille et à mes amis. Plusieurs années d’abstinence.
Puis un soir, une réalcoolisation, je ne sais pas pourquoi, ne me le demandez pas. Peut-être pour redevenir un homme normal, un bon produit de la culture française. Ce soir-là, ma sœur, me rendant visite, s’est aperçue de mon état. Celle-ci m’a alors proposé d’aller à la rencontre d’une association dont elle avait trouvé un flyer chez son médecin généraliste.
Bien évidemment, j’ai refusé avec force et juré par tous les diables que je n’avais pas bu. Après une longue discussion, j’ai finalement reconnu ma faute et, ne voulant pas gâcher ces années d’abstinence, j’ai finalement été d’accord pour me rapprocher de cette association.
Je me rappellerai toujours la première rencontre avec son président. Il nous reçut ma sœur et moi dans un petit bureau à l’odeur de tabac froid. Devant moi, cet homme au visage marqué me parlait de la maladie et me mettait en confiance. L’espoir était là, tout était possible.

« J’étais bien dans cette famille »

Cette même semaine, j’assistai à mon premier groupe de parole – des gens vraiment sympathiques. Les mois passèrent. J’étais bien dans cette famille. J’étais à nouveau abstinent libéré, mais surtout, j’étais heureux.
Puis un soir, lors du groupe de parole, le président décida de nous raconter l’histoire de sa vie. Il commença donc par son enfance. Celle-ci avait été assez dure et difficile, car il n’avait pas pu jouer
avec d’autres enfants : il avait travaillé très tôt. Il passait ses journées sur une carriole tirée par un âne à ramasser des cartons et des peaux de lapin avec un homme surnommé le peyarot.
Le début de son récit me fit l’effet d’une bombe. Puis il continua : sa réussite professionnelle et sociale… qui le conduisit, dans les années « 80 », à devenir actionnaire et un des proches du PDG de « La Ruche Méridionale ».
Une deuxième bombe explosa dans ma tête. J’avais donc en face de moi le petit garçon avec qui je rêvais être copain enfant, et l’homme à la réussite incontestable que j’avais voulu côtoyer plus tard. Deux des personnes qui avaient le plus
marqué ma jeunesse n’en faisaient en réalité qu’une, et cette personne que j’avais sans doute cherchée pendant des années sans le savoir était là, assise devant moi.

« Ce soir-là, j’ai pleuré, beaucoup pleuré »

Ce soir-là, j’ai pleuré, beaucoup pleuré. Comme dans les contes de fées, mes demandes étaient exaucées bien des années plus tard, après un long chemin. Boucle d’Or n’a toujours trouvé son bonheur qu’au troisième essai, n’est-ce pas ? Et les petits cochons s’y sont pris à trois fois avant de construire un abri valable. Je ne peux m’empêcher de penser que c’est une bonne étoile qui nous a fait nous croiser trois fois avant que la rencontre ne se produise.
Une amitié des plus solides s’est tissée entre nous. Cette personne m’a transmis cette foi, cette force d’aider toute personne ayant une addiction. À nouveau, le temps a passé. Je suis devenu membre du conseil d’administration de l’association, puis trésorier, et ensuite vice-président.
Voilà l’histoire de cette belle rencontre. Je souhaite à chacun d’entre vous d’en connaître de semblables.
Je te remercie pour tout, tu as guidé ma vie, je dirais depuis mon enfance.
Je remercie mon épouse,
Ma fille, mon fils.
Ma sœur Marie-Hélène.
Et merci à toi aussi, Nora.
Sans vous rien n’aurait été possible.
Merci de votre aide.
Je vous embrasse tous, vous ma famille.
Merci à toi « maladie alcool » : je suis heureux.

Jean-Luc Alonso

 

Rencontres

La vie est jalonnée de rencontres.Celles avec des hommes et des femmes, celle avec soi-même ou encore celles avec l’alcool. Certaines vous transcendent, d’autres vous précipitent dans l’abîme ou vous poussent à remonter à la surface. Elles ont mille visages mais un point commun : une rencontre en cache toujours une autre.
Il y a quelques mois, fin août, nous recevons un coup de téléphone de l’Astaffortais Jean-Pierre Dupin. C’est une invitation à une conférence de presse. Le comédien doit apporter une touche d’humour et de tendresse au congrès de la fédération nationale des Amis de la santé dont la thématique est « alcool et conduites addictives chez les femmes ». Cette manifestation est programmée le 17 septembre suivant à l’espace culturel François Mitterrand à Boé. Elle est organisée par l’antenne lot-et-garonnaise fondée en janvier 2021 de cette association qui a pour objet de prévenir la maladie de l’alcoolisme et autres addictions en « accompagnant le malade et son entourage pour retrouver dignité et place dans la société ».
Les Amis de la santé veulent communiquer sur ce congrès mais ne connaissent pas de journalistes. Jean-Pierre Dupin a donc composé notre numéro. Nous avions alors rencontré les bénévoles de l’association présidée par Jean-Marc Pittet pour un premier article puis, pour un second, nous avions recueilli plusieurs témoignages dont celui de Jean-Luc. Il nous avait raconté sa descente aux enfers – il a bu jusqu’à 3 litres d’alcool par jour. Il s’était aussi souvenu de son irrépressible « envie de se foutre en l’air » avant d’appeler sa sœur. Il avait évoqué le 6e étage de l’hôpital d’Agen pour une semaine de cure et confié comment, il y a une vingtaine d’années, il avait remonté la pente grâce à une association qui n’était pas celle des Amis de la santé. Nous avions été touchés par son histoire, sur la manière dont il l’avait exposée. Sans fard. Avec le cœur. Quelques jours plus tard, il nous avait transmis, par mail, un texte en nous demandant s’il pouvait éventuellement être publié. En le lisant, nous avons eu le souffle coupé. À l’aube de Dry January, le mois sans alcool, il nous a semblé opportun d’en faire profiter nos lecteurs.

Bertrand Chomeil

 

Les Amis de la Santé du Lot-et-Garonne est une association d’entraide pour les personnes en difficulté avec l’alcool, le cannabis et autres produits psychoactifs. Elle propose également un accompagnement pour l’entourage.
Adresse : 148 place Lamennais Agen 47000.
Téléphone : 0 977 250 414 (appel gratuit)
Président : Jean Marc Pittet.
Vice-président : Jean Luc Alonso.

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