Nous avons repéré un encart sur internet dont la thématique est «voitures de collection».

Le titre séduisant (Tuerie de Chevaline : le jeu de pistes) est évocateur.

Identifié sous la signature «d’anonymat
», l’éditorialiste est connu et fiable pour d’autres textes qu’il a publiés sur internet.

Vous pouvez en conséquence faire confiance à cette parution.

Nous sommes le 5 septembre 2012, sur un chemin forestier du village de Doussard, proche de la commune de Chevaline, dans le massif des Bauges, en Haute-Savoie. Un cycliste anglais, William Brett Martin, 53 ans, ancien de la Royal Air Force, propriétaire d’une maison de vacances dans la région, s’apprête à faire une macabre découverte. Il est 15 h 15. Les souvenirs d’un bon militaire sont toujours précis : il se fait d’abord doubler par un autre cycliste, croise ensuite un 4 × 4 de couleur sombre, puis un motard. À 15 h 44, il se retrouve sur la scène d’un crime qui demeure, à ce jour, non élucidé.

Un break BMW Série 5 est sur le toit, ses roues tournent encore. À quelques mètres gît le cycliste croisé peu aupa-ravant, Sylvain Mollier, qui ne respire plus. Dans l’imposant véhicule immatriculé en Angleterre, une vision d’horreur : trois adultes criblés de balles et une fillette, prostrée entre les jambes de sa mère ; une autre, hagarde sur la voie, est blessée au crâne et au bras. Les secours arrivent à 16 h 30 et les forces de l’ordre, une heure et demie plus tard.

Les constatations sont rapides : deux des victimes ont reçu deux balles dans la tête, la troisième, cinq. Quant à Sylvain Mollier, vraisemblablement témoin de la tuerie, aucune chance ne lui a été laissée, tels qu’en témoigne le nombre d’impacts relevés sur sa dépouille. Vingt-cinq étuis vides sont retrouvés provenant de la même arme, un pistolet semi-automatique Luger P06 Parabellum. Des circonstances qui évoquent plus un “contrat” exécuté en bonne et due forme par un professionnel aguerri qu’un meurtre perpétré par un simple rôdeur…

Qui sont les victimes ?

Si l’affaire n’est pas banale, les victimes ne le sont pas non plus, il s’agit de la famille Al-Hilli, originaire d’Irak, qui possède la nationalité anglaise. Dans les années 70, le clan Al-Hilli fait partie de l’élite bagda-die. Saddam Hussein, qui deviendra président d’Irak en 1979, s’est arrogé le titre de général « honoraire » dès 1970 avec le soutien omnipotent du parti Baas, passage obligé pour traiter des affaires. Or Saddam se méfie des familles puissantes, susceptibles de lui faire de l’ombre… Kadhim Al-Hilli, le patriarche, sentant la menace, préfère donc s’expatrier avec femme et enfants en Grande-Bretagne dès 1971 – il perdra la vie dans des conditions troubles en août 2011 à Malaga où il possédait une résidence estivale, sans que les enquêteurs n’aient pu établir un lien entre son décès et le drame de Chevaline.

Les policiers savent que le meurtre est l’affaire d’un véritable professionnel…

Parmi les victimes donc, Saad Al-Hilli, le fils cadet de Kadhim, à qui tout semblait réussir jusqu’à ce funeste 5 septembre 2012. Ingénieur brillant, il travaillait pour les plus grandes sociétés, Airbus et Surrey Satellite Technology, entreprise spécialisée dans la fabrication de satellites. Son épouse, Iqbal, dentiste, et la mère de celle-ci, Suhaila al-Allaf, ont été tuées de deux balles dans la tête. Le corps du cycliste Sylvain Mollier, qui se trouvait là par hasard, est criblé de sept balles. Les seules survivantes sont les deux petites filles du couple, Zainab, 7 ans, blessée à la tête, et Zeena, 4 ans.

Les pistes les moins sérieuses…

Évacuons tout d’abord les plus farfelues. Celle de Nordahl Lelandais, par exemple, même si les restes d’une de ses victimes, le militaire Arthur Noyer, ont été retrouvés sur un chemin forestier près du col de Marocaz, en Savoie, le 7 septembre 2017. Tel qu’écrit plus haut, cette tuerie est clairement le fait d’un professionnel dont l’identité demeure mystérieuse.

Quant à celle d’une loge franc-maçonne répondant au nom d’Athanor et liée aux services secrets français, elle ne tient guère plus la route : quand les agents de la DGSE ou de la DGSI doivent « faire le ménage », ils n’ont pas besoin de tels paravents et agissent généralement sans laisser de traces.

Un temps, la presse anglaise a évoqué un « vol de voiture qui aurait mal tourné ». L’époque a beau être violente, parfois barbare, pourquoi tuer trois personnes pour voler un véhicule finalement abandonné sur son toit, donc hors d’usage.

Il y a encore celle du motard croisé par William Brett Martin, mais qui tourne rapidement court. Il s’agit d’un chef d’entreprise connu dans la région et qui rentrait d’une séance de parapente. Interrogé à plusieurs reprises, il a définitivement été mis hors de cause le 13 janvier 2022.

Celles qui méritaient qu’on s’y arrêtât

Les enquêteurs n’ont pas hésité à creuser du côté de l’espionnage industriel, même si Saad Al-Hilli, consultant pour de prestigieuses entreprises, ne s’est jamais aventuré dans le domaine militaire. Nonobstant, une telle hypothèse méritait d’être étudiée de près. Mais le verdict est formel : chou blanc.

Intéressante aussi était la piste familiale. Zaid Al-Hilli, le frère du défunt, un temps considéré comme témoin, aurait reçu et émis plusieurs appels vers la Roumanie quelques semaines avant la tuerie de Haute-Savoie. Le procureur Éric Maillaud, chargé du dossier, avait évoqué un « possible litige entre les deux frères sur fond d’argent ». En effet, l’héritage du père, Khadim Al-Hilli, est conséquent : entre trois et cinq millions d’euros, d’innombrables propriétés en Angleterre, en France, en Irak, en Espagne et en Suisse. Autrement dit, un mobile plausible et suffisant pour que Zaïd Al-Hilli, désormais suspecté, soit placé sous contrôle judiciaire. Mais celui-ci sera levé un an plus tard, l’homme ayant produit un alibi le blanchissant le jour du meurtre.

Désormais âgé de 63 ans, il confiait cet été à nos confrères du Parisien : « Ça ne me quitte pas, j’y pense tous les jours, parfois je me réveille la nuit, pour moi, c’est tous les jours l’anniversaire de leur mort. » À croire que nous ayons ici affaire à une sorte de crime parfait. Pour l’instant… 

Malgré le mobile de l’héritage, l’ombre des services secrets serait la plus plausible.

Nicolas GAUTHIER

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