On revient sur l’éditorial : « Il faut tout imaginer et ne jamais écarter une piste définitivement »: on a interrogé un ancien procureur sur la disparition du petit Emile

A relever, cet article sur le web dont le propos est « voitures de collection » et qui est susceptible de vous plaire.

Son titre séduisant (« Il faut tout imaginer et ne jamais écarter une piste définitivement »: on a interrogé un ancien procureur sur la disparition du petit Emile) en dit long.

L’auteur (annoncé sous la signature d’anonymat
) est positivement connu pour plusieurs autres papiers qu’il a publiés sur internet.

Vous pouvez lire ces infos en toute tranquillité.

Sachez que la date de publication est 2023-07-26 01:00:00.

Le petit Emile, âgé de deux ans et demi, a disparu voilà maintenant plus de deux semaines. Dans le Haut-Vernet, dans les Alpes-de-Hautes-Provences, les recherches se poursuivent. 

Des enquêteurs de l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale sont présents. Des drones ont été déployés et survolent différents secteurs du territoire.

Au sol, des chiens spécialisés dans la recherche de sang ou de restes humains ratissent le secteur.

Jacques Dallest, 67 ans, est magistrat honoraire à la retraite depuis le 1er juillet 2022. Passionné par les homicides – il leur a d’ailleurs consacré un ouvrage -, il a tout d’abord été juge d’instruction durant 10 ans à Rodez, puis à Lyon et occupera la décennie suivante, la fonction de procureur de la République à Ajaccio, Roanne ou encore Marseille, ainsi que celle d’avocat général.

Ces cinq dernières années, il s’est plus particulièrement intéressé aux énigmes criminelles, « aux échecs judiciaires » ou à ce qu’il appelle encore « crimes complexes ».

De cette réflexion est né son dernier livre intitulé Cold cases, un magistrat enquête, publié en janvier dernier.

Nous l’avons interrogé sur la mystérieuse disparition du petit garçon. 

Vous avez été confronté à de nombreuses affaires, que pensez-vous de la disparition du petit Emile? 

Comme beaucoup, je n’ai pas d’explications très rationnelles à cette disparition. Ce que je peux dire, c’est que chez les mineurs, il y a cinq causes de disparition; le suicide, l’accident, la disparition volontaire, la mort naturelle et la mort criminelle. 

Chez les petits enfants, on peut en déceler deux: la mort par accident lorsque l’enfant fait une chute par exemple ou l’intervention d’une tierce personne dans laquelle j’englobe deux situations. Soit l’enlèvement et la séquestration, comme pour la petite Maëlys suivie de mort, car lorsque ça arrive, c’est rare que l’on retrouve l’enfant vivant. Ou alors un accident de la circulation.

Il y a une troisième possibilité, même si elle me parait en l’espèce un peu tirée par les cheveux, c’est que l’enfant ait été victime des agissements de sa famille. Imaginez que le petit qui était seul en dehors de chez lui ait été rattrapé par un adulte et que ce dernier lui ait filé une correction et que ça se soit mal terminé. Et qu’ensuite, on se soit débarrassé du corps.

Je ne vois pas tellement d’autres explications compte tenu des informations que nous avons sur ce dossier. Certains parlent d’un loup ou d’un aigle, pour moi ça me parait complètement fantaisiste.

Mais il ne faut rien écarter, même les pistes les plus saugrenues.

Il peut très bien s’agir d’une mauvaise rencontre?

Tout à fait. On se souvient du meurtre du petit Valentin, 10 ans, au cœur de l’été 2008. Il a été sauvagement assassiné par Stéphane Moitoiret dans l’Ain. Il se trouvait ce jour-là avec sa compagne du moment, Noëlla Hégo. C’était un couple de marginaux et schizophrènes. L’enfant, qui avait fait cette rencontre complètement fortuite alors qu’il faisait du vélo avait reçu 44 coups de couteau.

L’homme avait été condamné en appel à 30 ans de réclusion criminelle et son ex-compagne, quant à elle, avait écopé de cinq ans de prison, dont quatre ferme, pour non-assistance à personne en danger et « tentative d’enlèvement » d’un autre enfant.

Valentin a été tué sans raison.

Cette affaire pourrait devenir un cold case

Et la piste de l’accident? 

L’enfant qui disparaît accidentellement est privilégiée même si les chiens n’ont rien retrouvé. On a déjà été confronté à des enfants qui ont été retrouvés morts pas très loin de leur domicile et tout le monde est passé à côté. On pense au jeune Lucas Tronche. L’adolescent avait disparu en mars 2015 et ses ossements ont été retrouvés en juin 2021 dans une zone difficile d’accès à 800 mètres de son domicile.

Il faut toujours tout imaginer. Il ne faut jamais écarter une piste définitivement.

Cette affaire pourrait très bien devenir un cold case?

Le pôle de Nanterre est amené à traiter des affaires qui n’ont pas été élucidées et dont les faits se sont produits 18 mois auparavant. Oui, cette affaire pourrait devenir un cold case. Pour autant, les affaires de disparition sont généralement résolues rapidement. Sauf un certain nombre. Je pense à celle d’Estelle Mouzin, à celle de Marion Wagon… Lorsque les enfants ont entre 7 et 12 ans, on peut penser qu’il s’agit d’une disparition liée à quelque chose de sexuel. Ce qui est beaucoup moins le cas pour les tout jeunes enfants comme le petit Emile.

Jacques Dallest. Photo archives Var-matin.

Pourquoi deux juges ont été saisis dans cette disparition? C’est courant?

Ça peut arriver, oui. Je pense que c’est pour diluer la pression médiatique sur deux juges. Ils peuvent se partager les grosses investigations techniques comme l’exploitation des données téléphoniques¹. Souvent dans ces cosaisine, il y a un juge qui instruit et l’autre qui est là en assistance.

L’auteur des faits peut se retrouver parmi toutes ces personnes qui ont borné dans le Haut-Vernet ce jour-là.  Il faut, après avoir identifié à qui appartenaient ces téléphones, identifier les faits et gestes de ces gens-là. Pour l’instant, les enquêteurs sont plutôt sur une recherche téléphonique comme il n’y a pas d’ADN, hormis celui de ce petit garçon.

En ce qui concerne la piste de l’accident, les enquêteurs ont dû interroger les garages de la région pour savoir si quelqu’un ne serait pas venu pour un problème de carrosserie.

C’est du boulot mais c’est un travail que les gendarmes connaissent bien et qui doit mobilier du monde et aussi qui prend du temps.

Les jours et les mois peuvent passer et un jour un promeneur retrouvera des ossements. Comme cela a été le cas pour les disparus de la forêt de Boscodon dans les Hautes-Alpes. Six personnes y ont disparu en 25 ans.

Un fait-divers en pousse un autre

Si les enquêteurs ne trouvent aucune piste que va devenir cette affaire?

C’est tout le problème des dossiers contre X. Il faut que les juges d’instruction, malgré tout le travail qu’ils ont, continuent à s’intéresser à ce dossier et à informer les familles. Il ne faut pas que ce type d’affaires soient négligées comme elles ont pu l’être. Il ne faut pas qu’une certaine forme de défaitisme s’installe. 

Pour autant, il y a forte pression médiatique et populaire derrière cette disparition…

Vous savez, un  fait-divers en pousse un autre. L’intérêt se déplace même si on y reviendra. Vous n’imaginez pas, par département, le nombre de cold case sur ces 50 dernières années. En y englobant les disparitions et les crimes, ça en ferait un sacré paquet. 

Vous avez été juge d’instruction et procureur de la République, cette pression est-elle difficile à gérer?

Je l’ai connue. Tous les procureurs peuvent s’y retrouver confronter. Elle est énorme et se déplace. Elle peut durer plus ou mois longtemps et à différents moments. Les procureurs sont formés à la communication, car il ne faut pas tomber dans une surenchère ou dans une forme de séduction. Il faut savoir garder ses distances et prendre du recul.

Parfois le silence est la meilleure des attitudes, mais à un moment il faut parler. Il y a des points d’étape et il faut occuper le terrain, même si l’intervention est brève. Si le procureur ne parle pas, d’autres le feront à sa place. Ce serait bien que les procureurs aient une structure autour d’eux, car, parfois, ils se sentent un peu seuls dans cette dynamique de communication judiciaire. 

La chance peut aussi être un élément important dans certaines affaires.

Oui, comme elle l’a été dans la disparition de la petite Maelys. Si on n’avait pas retrouvé cette tâche de sang dans le véhicule de Nordhal Lelandais, il aurait pu être plus compliqué de le confondre. S’il avait brûlé sa voiture ou s’en serait débarrassé d’une manière ou d’une autre, on l’aurait inévitablement soupçonné et sûrement condamné, mais sans avoir réellement de certitudes. Lorsqu’on est confronté à des psychopathes, c’est très compliqué d’obtenir des aveux de leur part. Ils ont une certaine indifférence à la souffrance des autres.

¹. Durant la première semaine de recherche du petit Emile, 1.200 appels ont été passés sur la ligne dédiée aux recherches. Sans compter tous les téléphones ayant « borné » vers le Haut-Vernet appartenant aux riverains, aux touristes et gens de passage, le jour de sa disparition.

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