Decouvrez cet article : Deux voitures dans sa vitrine en sept mois à Nogent-le-Rotrou : faut-il réaménager le carrefour ?

Samedi 17 février 2024, peu avant 12 heures, alors que le marché hebdomadaire de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir) bat son plein, une voiture a terminé sa course dans la vitrine des Délices de Saint-Pol, situé une cinquantaine de mètres au dessus de la place.

Sept mois plus tôt, la vitrine du magasin avait déjà subi un accident, « le lendemain d’avoir signé le compromis de vente chez le notaire », rapporte Émilie Boulay, la gérante.

Alors se pose la question d’un possible réaménagement de ce carrefour jugé « dangereux » par certains automobilistes.

Encore très énervée et choquée par l’accident, lundi matin (19 février, NDLR), elle va envoyer un courrier recommandé avec accusé de réception à la mairie nogentaise, pour essayer de faire bouger les choses autour de ce carrefour, qu’elle juge dangereux.

Deux voitures dans son commerce en sept mois à Nogent : comment mieux le protéger ?

Et pour protéger son commerce, Emilie souhaite donc que la mairie installe des barrières, sur le trottoir, comme on peut en trouver le long de la rue Gouverneur, devant les vitrines.

Un avis partagé par Valérie Ruiz, une cliente de son magasin : « Il est grand temps que la mairie fasse le nécessaire pour sécuriser cette boutique ».

J’espère que la mairie va faire quelque chose. À un moment donné, il va y avoir un mort. S’il y a un accident tous les sept mois, on va fermer la boutique ! Et plus aucune assurance ne voudra me prendre en charge.

« Il y a quelques années, il y avait des feux tricolores pour ce carrefour. Et il y a aussi la statue qu’on peut déplacer. Ça prend du temps mais c’est possible. »

Des revendications entendues par Harold Huwart, le maire de Nogent-le-Rotrou, qui a fait installer deux barrières devant le commerce, lundi 26 février, dans le prolongement de celles présentes sur le trottoir le long de la rue Gouverneur et jusqu’au passage piéton.

Pour le reste, le maire a prévenu que la municipalité ne pouvait pas faire grand chose, au croisement des rues Gouverneur et Sully, deux routes départementales…

Malgré de nombreuses sollicitations téléphoniques, la Rédaction n’a pas obtenu de réponse du Département. 

L’accident aurait pu être plus grave

Quant à l’ancienne Atsem (Agent territorial spécialisé des écoles maternelles), qui a repris la chocolaterie Les Délices de Saint Pol début octobre 2023, elle était en train de raccompagner un client lorsqu’elle a entendu « le bruit d’un gros moteur » depuis sa boutique.

À peine le temps de se poser une question, qu’elle voit la vitrine de son magasin explosée par une voiture qui descendait de la rue de Sully, stoppée seulement par la poutre IPN. 

En rentrant dans la vitrine du magasin, le véhicule a également projeté la porte automatique dans le client qui s’apprêtait à quitter le commerce.

Il a pris le bas de la porte dans les jambes, il titubait et je lui ai dit de s’allonger par terre. À deux secondes près, il passait sous la voiture. Alors quand la conductrice dit qu’il n’y a eu aucun blessé…

« Mon mari a été très choqué, il a vu le véhicule arriver sur lui et le bas de la porte automatique a heurté violemment ses tibias. Il a cru qu’ils étaient cassés, il est sous anticoagulants et a pris peur. De plus, il est artisan et travaille seul. Les pompiers ont ensuite pris en charge mon mari et moi-même, également choquée, puis il a été conduit à l’hôpital pour des radios. Par chance, il n’a rien de cassé« , témoigne Valérie Ruiz.

« Si j’avais été de l’autre côté, en train de faire une composition de chocolat, c’est moi qui aurais tout pris », s’insurge la commerçante. 

La voiture arrêtée, avant de repartir

La jeune conductrice qui s’est fait percuter, âgée de 20 ans, a également été transportée à l’hôpital de Nogent-le-Rotrou. Elle souffre de douleur « dans le bas du dos, aux cervicales, qui montent jusqu’en haut du crâne ».

La secrétaire doit ainsi porter une minerve pour au moins une semaine et est arrêtée deux semaines. Alors elle fait la tournée des médecins spécialistes, ostéopathe, kinésithérapeute…

J’arrivais de la rue Villette-Gâté pour aller dans la rue Gouverneur et j’ai vu cette voiture, arrêtée, au milieu de la route. Je me demandais ‘pourquoi s’est-elle arrêtée ?’ et si elle avait un problème, alors je me suis arrêté aussi.

Puis elle a entendu, elle aussi, un « gros bruit de moteur », puis l’autre voiture réavancer très rapidement, et percuter la sienne à l’avant, avant de terminer sa course dans le magasin.

Plusieurs kilos de marchandise à jeter

Pas de blessures physiques pour Emilie, mais plutôt psychologiques puisqu’elle ne dort pas depuis les faits, ou très mal. D’autant qu’elle a « tout perdu, [m]a journée est fichue ». Et en plein jour de marché hebdomadaire, c’est pour elle une grosse perte.

En plus d’avoir perdu notamment cette demi-journée, des éclats de verre ont été projetés dans tout le magasin et Emilie a été contrainte de jeter plusieurs kilos de marchandise.

J’ai environ 70 kilos de chocolat à mettre à la poubelle. Le verre est même rentré dans les tiroirs fermés où j’ai tous mes ballotins.

Après avoir passé de nombreux coups d’aspirateur, elle retrouve encore et toujours des bouts de verre dans son magasin. 

Elle remercie la Chocolaterie Bataille, de Bellême (Orne), pour le réassort rapide des chocolats.

Vitrine, porte automatique et le sol à refaire

Pour Emilie, « elle ne devait pas rouler à 30 km (la limitation dans le centre-ville, NDLR), c’est la poutre IPN qui a arrêté la voiture », en pointant la poutre, tordue sous la force de l’impact.

Ç’a même fait gonfler le sol et le carrelage est cassé tout autour de l’IPN. Il y a tout à refaire au niveau de la maçonnerie. Et pour la porte automatique, on ne sait pas ce que ça va donner.

Des pompiers spécialisés en risque bâtimentaire ont été mobilisés pour évaluer les risques pour la structure.

D’après les gendarmes, la conductrice aurait inversé les pédales de frein et d’accélérateur au moment du carrefour, et aurait perdu le contrôle du véhicule.

Une grande perte de visibilité

Sans vitrine, la commerçante a fait appel à la société David Leduc, qu’elle remercie, pour sécuriser la devanture avec du contreplaqué et installer une porte provisoire. Ainsi que le magasin Dupli’k, qui lui a fait une affiche pour annoncer que le magasin était bel et bien ouvert.

Elle a donc pu rouvrir son commerce dès mardi 20 février, mais c’est pour elle « une grande perte de visibilité », en pleine période de vacances scolaires pour les Parisiens notamment.

Il y a un gros manque à gagner, en plus de la journée de samedi. Déjà que je ne me verse presque pas de salaire depuis cinq mois… 

Qui ne manque pas de remercier tous les clients et commerçants venus la soutenir dans cet épisode difficile.

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