Dans le cadre de notre travail d’information, nous publions ci-dessous un encart de plusieurs lignes vu sur le web aujourd’hui. La thématique est «voitures de collection».

Son titre (Dévalisés par des voleurs « fantômes ») est évocateur.

Présenté sous la signature «d’anonymat
», le rédacteur est reconnu comme quelqu’un de sérieux.

Plusieurs villes canadiennes, dont Montréal, font face à une vague de voleurs professionnels sud-américains qui entrent au pays avec de faux passeports. « Ce sont comme des fantômes », dit l’une de leurs victimes, qui s’est confiée à La Presse.


Publié à 0h48

Mis à jour à 5h00

La filature a duré une bonne trentaine de minutes, mais l’homme d’affaires, propriétaire d’un bureau de change montréalais, n’a jamais remarqué le Kia Sportage gris qui le talonnait depuis 18 kilomètres.

À ses trousses, les trois suspects d’origine sud-américaine, à bord du véhicule loué avec un faux passeport, savaient parfaitement ce qu’ils faisaient. Il ne leur a fallu que 13 secondes pour forcer le coffre arrière de la voiture de l’homme d’affaires et s’emparer du butin, lorsque ce dernier a fait un arrêt rapide chez un client de l’Ouest-de-l’Île.

« Ce jour-là, on s’est fait voler une somme substantielle, dans les cinq chiffres. Ces gars-là sont de vrais pros. C’est comme s’ils avaient un entraînement militaire », raconte Éric, l’un des copropriétaires du bureau de change victime du vol, qui demandé qu’on taise son identité de crainte d’être de nouveau visé par un vol semblable.

L’entrepreneur a fourni à La Presse plusieurs séquences vidéo du crime captées par des caméras de surveillance. On y aperçoit les voleurs masqués, en plein jour, tournant autour de la voiture qu’ils ont suivie à partir d’un bureau de change. Ils ont chacun leur tâche : pendant qu’un commet le larcin, un autre surveille les alentours, tandis que le chauffeur prépare la fuite, filant à toute vitesse à reculons dans une rue à sens unique pour mieux se positionner.

Malgré une enquête poussée du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), les voleurs n’ont toujours pas été épinglés, affirme l’homme d’affaires.

Le corps policier refuse de commenter des cas spécifiques liés à des enquêtes en cours, mais pour les sergents-détectives Roberto Di Matteo et Anthony Cantelmi, il fait peu de doute que la scène décrite par l’homme d’affaires soit l’œuvre des South American Theft Groups, ou SATG.

Depuis 2017, les deux détectives s’intéressent particulièrement à ces voleurs d’origine sud-américaine, qui n’ont pas nécessairement de liens entre eux, sinon qu’ils suivent en gros le même modus operandi. Ils en ont arrêté à ce jour environ 25, originaires pour la plupart du Chili et de la Colombie, dans le cadre d’enquêtes complexes qui ont nécessité de la surveillance physique.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Les sergents-détectives Anthony Cantelmi et Roberto Di Matteo

« Ils sont patients et organisés », commente le sergent-détective Cantelmi. Typiquement, ces voleurs entrent au Canada avec un passeport mexicain usurpé ou volé qui leur permet de rester au pays sans devoir obtenir de visa. Ils s’installent dans un appartement trouvé par un complice local ou dans un Airbnb. Ils louent bien des voitures de luxe sous une fausse identité, dont ils se servent pour passer incognito lorsqu’ils font du repérage pour cambrioler des maisons de prestige dans les quartiers huppés.

« Leur crime de choix, c’est vraiment les introductions par effraction », explique le sergent-détective Di Matteo.

Ils ne vont pas se bagarrer ou commettre de la fraude. Ils sont très disciplinés. Ils vont directement dans la chambre principale voler les objets de luxe. Ils visent le coffre-fort.

Roberto Di Matteo, sergent-détective

En juillet dernier, un groupe de sept voleurs liés au SATG a été épinglé avec un brouilleur d’ondes radio, un outil rarement vu dans les cambriolages à Montréal. Les voleurs s’en servent pour perturber les réseaux WiFi des domiciles, desquels dépendent la plupart des systèmes de surveillance modernes. « Ça donne une idée de leur niveau de sophistication », dit M. Di Matteo. « Ils savent fracasser une fenêtre sans faire de bruit », illustre-t-il.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Les voleurs liés aux South American Theft Groups comptent aussi des femmes dans leurs rangs. Elles sont parfois utilisées pour établir un lien de confiance avec les victimes. Les deux femmes sur la photo ont participé à un cambriolage assez sophistiqué, lors duquel elles ont fait plusieurs manœuvres pour éviter d’être détectées par un système d’alarme.

« Ils ont une connaissance du travail policier, ils savent comment on mène nos enquêtes, comment on fait de la filature », ajoute M. Cantelmi.

Les SATG s’attaquent aussi aux bureaux de change, une « cible facile » d’où les clients ressortent généralement avec des sommes d’argent substantielles. Un coup « minutieusement planifié » dans un bureau de change de Cartierville a permis aux voleurs de mettre la main sur 200 000 $, affirme le SPVM.

Une méthode courante consiste à crever un pneu d’un client et à se présenter comme un bon Samaritain en offrant de l’aide. « Pendant que la victime jase avec la personne qui l’aide, la sacoche remplie d’argent disparaît, et la victime prise dans le feu de l’action ne se rend compte de rien. »

Les succursales des bureaux de change Nour BDC en ont été victimes trois fois depuis 2017. « Nous avons installé des caméras dans tous nos stationnements pour encadrer le risque », explique Jamil ElSoud, président de l’entreprise.

Le SPVM affirme que les voleurs observent attentivement ces commerces pour y trouver des proies faciles. « Quand les clients partent avec un montant de 1000 $ et plus, nos commis sont tenus de les avertir de mettre leur enveloppe dans leurs poches et de faire attention », explique M. ElSoud.

Phénomène répandu

Le Canada n’est qu’un des nombreux terrains de chasse des SATG.

Un des voleurs colombiens condamnés en 2020 au Canada pour cambriolages à la suite d’enquêtes du SPVM, William David Corredor Fuentes, a déjà été incarcéré en Thaïlande, en 2012, pour une série de vols similaires totalisant 10 millions de bahts (380 000 $ CAN) commis dans des résidences de la banlieue de Pattaya. Le voleur et deux complices se sont fait prendre lorsqu’un colis qu’ils tentaient d’envoyer en Colombie a été intercepté par les postes thaïlandaises. Les autorités y ont trouvé des bijoux et d’autres objets de valeur dissimulés dans des chaussures et des vêtements, a rapporté à l’époque le site d’information Pattaya One.

Ce crime sur le sol thaïlandais n’a aucunement empêché Corredor Fuentes d’entrer illégalement au Canada sept ans plus tard, avec un faux passeport mexicain. Lorsque les policiers l’ont arrêté à Repentigny en possession de plusieurs outils de cambriolage, il leur a fallu trois semaines pour l’identifier, avec deux de ses nouveaux complices, a révélé la Couronne lors de son enquête sur remise en liberté. « Il est manifeste que si on les remettait en liberté, soit ils commettraient d’autres infractions criminelles, soit ils s’enfuiraient du Canada », a tranché le juge Christian M. Tremblay, refusant de leur rendre leur liberté.

« Ils arrivent au Canada avec un dossier criminel vierge », souligne le sergent-détective Cantelmi, ce qui leur permet de passer sous le radar pendant un certain temps.

Ils ne sont pas fichés, on ne connaît pas leur visage ni leur ADN.

Anthony Cantelmi, sergent-détective

« Dès qu’ils sentent la chaleur, ils se poussent dans d’autres provinces », ajoute l’enquêteur Di Matteo. Le SPVM a collaboré avec les services de police de York, de Toronto et de Peel pour en faire arrêter. « On en a aussi suivi jusqu’à Vancouver », ajoute M. Di Matteo.

« Ils sont là pour travailler », ajoute-t-il. Les enquêteurs disent avoir amassé des preuves démontrant que leurs proches dans leur pays d’origine leur transfèrent des sommes pour financer leurs activités au pays.

À force de faire face à ce phénomène, les Services frontaliers du Canada ont créé une base de données sur les SATG. Une experte du gouvernement vient régulièrement témoigner lors des comparutions pour expliquer que ces suspects appartiennent à une forme d’organisation criminelle et que des mesures particulières doivent être prises.

Les enquêtes demeurent néanmoins difficiles, « parce qu’il faut les prendre sur le fait », souligne M. Cantelmi.

Petit conseil pour s’en prémunir : « Vos bijoux, ne les laissez pas dans la chambre principale. Cachez-les dans un tupperware dans la cuisine ou dans la chambre des enfants. Ils n’iront pas fouiller là », croit l’enquêteur Di Matteo.

Ce objet vous a fasciné vous apprécierez également ces ouvrages:

Groupe B, « les voitures interdites ».,Ouvrage .

Hot Rods.,Ouvrage .

PORSCHE, l’excellence.,Clicker Ici .

Motos de la gendarmerie nationale.,(la couverture) Nouvelle édition.